mercredi 29 mai 2013

NE PLUS PARLER DU MARIAGE GAY

Ce 29 mai restera comme une date historique pour notre république. La mariage de deux hommes qui s’aiment, Bruno et Vincent, dans la jolie ville de Montpellier (capitale de la France pour un jour), a été la plus belle réponse à celles et ceux qui annoncent une catastrophe interplanétaire, un irrémédiable changement de civilisation. Malgré le tapage médiatique et les nécessaires mesures de sécurité (les menaces étaient réelles), nous avons pu assister à une cérémonie finalement très banale et très rassurante pour ceux qui mettent la famille au cœur de la société. Oui mesdames, mesdemoiselles et messieurs les mal nommés “veilleurs”, un mariage gay ce sont aussi des parents, des frères, des sœurs, des beau-frères, des belles-sœurs, des enfants, des neveux et nièces qui ont la larme à l’œil face à la matérialisation officielle de l’union de deux personnes qui s’aiment et qui veulent partager leurs vies. Des gens endimanchés, des grands chapeaux et un bébé qui braille. En regardant cette cérémonie à la télé, j’ai ressenti la même émotion et suis arrivé aux mêmes conclusions qu’il y a sept ans quand un de mes amis les plus proches m’avait fait l’honneur de me demander d’être son témoin à son “union civile” avec son fiancé en Angleterre. Les deux familles et les amis étaient aux anges. Et moi le premier.
Voilà pourquoi il serait bon aujourd’hui de ne plus parler du mariage pour tous. Que ce droit devienne banal, normal, évident. Comme c’est le cas en Espagne, ce pays que je connais si bien. Là-bas aussi la loi avait provoqué des manifestations et des débats enflammés. Désormais, plus personne ne s’interroge. Et c’est tant mieux. Alors faisons de même: vivons et laissons vivre, aimons et laissons aimer.

jeudi 23 mai 2013

QUELQUES MINUTES AVEC MOUSTAKI

Le métier de journaliste est très souvent pénible, frustrant et dérisoire. Mais il offre aussi des moments de magie inoubliables. Il y a une quinzaine d’années, alors que j’étais correspondant à Madrid du (regretté) journal “France Soir", j’ai eu l’immense privilège d’interviewer Georges Moustaki juste avant un concert dans une petite salle de la capitale espagnole. “Pourquoi vivez-vous à Madrid?” m’avait-il demandé. “Parce que j’en ai rêvé” lui avais-je alors répondu avec l’audace de celui qui ne réalise pas vraiment ce qu’il est en train de vivre. “Et bien moi j’ai eu la même chose avec Paris” m’expliqua Moustaki avec une tendresse et une gentillesse qui me donnent encore aujourd'hui des frissons de reconnaissance. Tout en prenant rapidement un morceau de jambon sous les yeux grondeurs de son assistante. “Les docteurs me l’interdisent” lança-t-il dans un sourire.
Après l’annonce de son décès, ce 23 mai 2013, je ne peux que sentir de la gratitude pour avoir donné quelques minutes de bonheur au petit journaliste mais, surtout, pour m’avoir, pour nous avoir, aider à vivre dans le plus beau sens du terme. Monsieur Moustaki est parti mais ses chansons resteront à jamais un rempart contre la haine, la connerie et la bassesse. Je sais que beaucoup de ceux et celles qui me suivent sur les réseaux sociaux sont jeunes et n’ont peut être pas pris la mesure de ce que représente la disparition d’une telle figure de la culture française et universelle. Alors je vous en prie, profitez de la vague médiatique qui entoure  la mort du poète pour découvrir les chansons de Moustaki. Vous comprendrez ainsi le bonheur de “trahir sa liberté pour une prison d’amour et sa belle geôlière” et que, quoiqu'il arrive, on est “jamais seul avec sa solitude…”

mercredi 24 avril 2013

MON ÉGLISE ME FAIT HONTE

J’ai tout connu dans l’Eglise. Je suis baptisé, j’ai fait la petite et la grande communion, je suis confirmé, j’ai été enfant de cœur, animateur de groupes de jeunes catholiques et même catéchèse durant mes années universitaires. Je vais régulièrement en pèlerinage en Terre Sainte. Et mon Église me fait honte. Cette Église qui hurle contre l’amour et qui se “couche” devant une folle peroxydée autrefois connue pour chanter “Fais-moi l’amour avec deux doigts”. J’ai toujours aimé les blagues de cul mais, sincèrement, celle-là je ne la trouve pas drôle du tout. On est quand même un peu loin de la poésie de la Bible et de son “Cantique des cantiques” (Nous nous égaierons, nous nous réjouirons à cause de toi; Nous célébrerons ton amour plus que le vin. C’est avec raison que l’on t’aime…)  
Nombreux sont les Catholiques qui tentent de se démarquer et appuient le mariage pour tous, notamment au travers de ce bel hashtag sur twitter #CathoDoncPour. Mais ils sont inaudibles. La faute à l’Église qui les étouffe, la faute aux médias qui ne les regardent pas tant ils sortent des clous de l’idée que notre société se fait des croyants. Et tel un serpent qui se mord la queue l’ultra présence des ultras catholiques bétonnent un peu plus l’image insupportable d’un peuple chrétien monolithique calqué sur la famille Duquesnois de “La vie est un long fleuve tranquille”. Ces manifestations indignes ont souligné deux défaites: celle des catholiques extrémistes et celle des catholiques progressistes, amis de l’amour et de la République. Quelle misère…

vendredi 5 avril 2013

QUAND LA MONARCHIE LIBÈRE LA PAROLE



En Espagne on pouvait tout dire dans les médias. Des choses affreuses, frisant parfois l’obscénité, le racisme, le sexisme… On pouvait s’insulter en direct à la télé, traiter de « fils de p. » un important dirigeant étranger dans un quotidien national dit sérieux, sortir des horreurs à la radio sur les homosexuels et les « avorteurs »… Mais dès que le sujet s’approchait de la famille royale, dès que le mot « roi », « prince » ou « infante » était prononcé, une chape, non de plomb, mais de niaiserie s’abattait sur ceux et celles qui, quelques minutes auparavant, crachaient allégrement leur haine et leur dédain. Après avoir mis plus bas que terre tel homme politique, tel acteur, tel sportif ou tel « people », le chroniqueur, le journaliste ou le présentateur vantait tout à coup les vertus, la beauté, l’intelligence, l’honnêteté des membres du « clan » de Juan Carlos I, Roi d’Espagne. Personne n’osait toucher à l’image immaculée des Bourbons et des pièces rapportées de la famille. Et quand le journal satirique local  « El Jueves » faisait une blague sur le Prince et sa journaliste de femme, un juge ordonnait de retirer le numéro des kiosques. Comme au bon vieux temps du « tito Paco » (l’oncle Francisco)…
Et puis les scandales sont venus. Trop graves et trop nombreux. Trop indécents dans ce pays aux vingt-cinq pour cent de chômeurs. Il n’empêche que, désormais,  les bien-nés au sang bleu ont perdu l’idiote protection médiatique dont ils avaient tant joui. Et qu’ils croyaient éternelle. En Espagne aujourd’hui, on peut se moquer et critiquer le Chef de l’Etat et ses descendants. Les malversations du gendre handballeur, le silence complice de son Infante d’épouse, les chasses à l’éléphant du Monarque ont libéré à jamais la parole publique. C’est toujours ça de gagné…