jeudi 23 mai 2013

QUELQUES MINUTES AVEC MOUSTAKI

Le métier de journaliste est très souvent pénible, frustrant et dérisoire. Mais il offre aussi des moments de magie inoubliables. Il y a une quinzaine d’années, alors que j’étais correspondant à Madrid du (regretté) journal “France Soir", j’ai eu l’immense privilège d’interviewer Georges Moustaki juste avant un concert dans une petite salle de la capitale espagnole. “Pourquoi vivez-vous à Madrid?” m’avait-il demandé. “Parce que j’en ai rêvé” lui avais-je alors répondu avec l’audace de celui qui ne réalise pas vraiment ce qu’il est en train de vivre. “Et bien moi j’ai eu la même chose avec Paris” m’expliqua Moustaki avec une tendresse et une gentillesse qui me donnent encore aujourd'hui des frissons de reconnaissance. Tout en prenant rapidement un morceau de jambon sous les yeux grondeurs de son assistante. “Les docteurs me l’interdisent” lança-t-il dans un sourire.
Après l’annonce de son décès, ce 23 mai 2013, je ne peux que sentir de la gratitude pour avoir donné quelques minutes de bonheur au petit journaliste mais, surtout, pour m’avoir, pour nous avoir, aider à vivre dans le plus beau sens du terme. Monsieur Moustaki est parti mais ses chansons resteront à jamais un rempart contre la haine, la connerie et la bassesse. Je sais que beaucoup de ceux et celles qui me suivent sur les réseaux sociaux sont jeunes et n’ont peut être pas pris la mesure de ce que représente la disparition d’une telle figure de la culture française et universelle. Alors je vous en prie, profitez de la vague médiatique qui entoure  la mort du poète pour découvrir les chansons de Moustaki. Vous comprendrez ainsi le bonheur de “trahir sa liberté pour une prison d’amour et sa belle geôlière” et que, quoiqu'il arrive, on est “jamais seul avec sa solitude…”

5 commentaires:

  1. Hola Fred,

    La mort de Moustaki aura-t-elle causé ton insomnie ?
    Personnellement j'ai appris ça à mon réveil. Mais je n'ai pris conscience de l'ampleur de son oeuvre que devant 13h de TF1, qui bien sûr en a fait l'ouverture... Hormis "Le métèque", je ne connaissais que "Ma liberté", mais chanté par Reggiani. Ce morceau m'a permis de relativiser à une époque où, si je perdais ma belle, je gagnais aussi à quitter une geôlière ; je suis content de savoir aujourd'hui à qui je le dois réellement.
    Au-delà d'un excellent parolier qui laisse orphelin la chanson française (les voix à qui il a prêté ses textes sont toutes disparues), je me demande ce que ma génération va bien pouvoir laisser de bon aux suivantes... De chez ma tante où les DVD tels que "Brel Brassens Ferré, la rencontre" trônent au-dessus du salon, je réalise que le patrimoine intrinsèque aux jeunes des années 80 est bien volatile. Difficile avec le recul de ne pas songer tristement, que nos anciens, capables de reprendre à tue-tête de nombreuses oeuvres de Ferrat, Piaf ou Montand n'auront pas d'héritiers au sein de leurs propres familles. Sincèrement, qu'est-on capables de fredonner ? Une pincée de Goldman ou de Balavoine avant de se rabattre vers de l'anglais en yaourt ?
    En 2013, même le JT de Pernaud coupe "Ma liberté" en clôture du journal le jour-même de la mort de Moustaki, dans quel monde vit-on ? Cela a été perçu comme une profanation à sa mémoire par mon oncle. Quant à moi, je n'ai même pas tressailli. De par mon éducation, je sais pourtant depuis tout petit que c'est irrespectueux, grossier de couper des chansons. Mais bon, on sait tous ce qu'il en est : le format de la TV actuel ne permet pas de s'attarder 3 minutes sur un morceau, TF1 = pub et le temps c'est de l'argent, etc... Pourtant, notamment par mon absence de réaction, j'ai pris conscience de cette page qui se tournait cette fois pour de bon et du grand vide qui ne manquera pas de s'installer pour beaucoup. ¡ Ánimo, chico !

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  2. tu as damien saez qui reprend le flambeau de tous ces grands noms aujourd'hui Ismael!

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  3. Merci M.Hermel pour ce post qui rend hommage à un immense artiste.
    J'ai 24 ans et j'ai découvert ce grand poète grâce à mes parents , en dehors de ses chansons j'ai pris plaisir d'écouter l'histoire de M.Moustaki dont le parcours et le talent force l'admiration et le plus profond respect.
    Pour moi son oeuvre est et restera intemporel, et c'est avec tristesse que j'ai appris sa disparition aujourd'hui.
    L'oeuvre de M.Moustaki continuera de rassembler les générations , et continuera d'être écouté et apprécié au-delà de toute frontière.

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  4. Salut Fred
    Eh oui un grand bonhomme s'est barré hier. On va tres vite comprendre combien il nous manque et combien sa voix si frele mais si chaude à la fois nous manque
    Adios chico

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  5. Ne vous inquiétez pas pour Monsieur Georges Moustaki, il a rejoind le bistrot préféré que chante si joliement Monsieur Renaud.....

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